Mortels ! Imaginaires de la mort au début du XXIe siècle
Socio-anthropologie 31
Plus de vingt ans après la disparition du socio-anthropologue Louis-Vincent Thomas, grand spécialiste de la mort et de ses imaginaires qu'il allait débusquer dans les mythes africains, comme dans les récits de science-fiction, ce numéro de la revue Socio-anthropologie propose de reprendre cette quête, dont Thomas disait lui-même qu'il ne l'avait qu'amorcée, sans la limiter au champ de la science-fiction. Si certains espaces d'expression de cet imaginaire sont restés les mêmes – la littérature par exemple –, d’autres ont émergé, se sont développés ou ont subi des modifications significatives. Il est question de donner à voir quelques-unes des manifestations de l’angoisse contemporaine face à la mort telle qu’elle se joue, c’est-à-dire à la fois telle qu’elle se divertit et telle qu’elle se met en jeu, notamment à travers les supports de la production culturelle industrielle, particulièrement les séries télé, le web, mais aussi, et toujours, la littérature, le cinéma, la BD, les mangas, au cœur des formes fantasmées de l’immortalité technoscientifique, ou encore dans les pratiques cultuelles sauvages du Mexique qui jouent avec les squelettes. Les cultures populaires contemporaines sont ainsi prises au sérieux, en tant qu’objets socio-anthropologiques à part entière, sujets de « bricolages » et de manipulations, de détournements et de mises en dérision, supports ludiques de questions sérieuses… et inversement.