Dans la peau d'un pilote de chasse
Le spleen de l'homme-machine
Dans un espace dominé par la circulation des signes, où l’ennemi n’apparaît plus que sous la forme d’un symbole sur un écran, comment l’action de guerre parvient-elle encore à se distinguer ? Qu’en est-il de l’intelligence pratique des hommes, qui permet de se distancer de la réalité produite par les ordinateurs, dès lors que dominent les figures du surveillant et du gestionnaire ? Si le corps reste bien présent, il l’est surtout aux machines et de moins en moins au monde, au sens moral du terme. Ce moment, chargé de nouveaux périls, offre pourtant l’occasion d’interroger et de réévaluer les conditions à partir desquelles les hommes et les machines parviennent à produire quelque chose comme un monde commun.
Alors que l’hybridation des hommes et des machines est le plus souvent abordée sous un angle technologique et à la seule lumière de critères de performance, la parole est ici donnée à ceux qui habitent les machines, pilotes d’avions de chasse et de drones.