Séminaire du RT41 "Corps, techniques et société" (AFS)
Première séance :
« “C’est comme conduire une Ferrari sur une route départementale”, ou comment la technique devient un garde-fou, le cas du DPI en France » - Anne-Sophie Giraud
Le diagnostic préimplantatoire (DPI) permet d’analyser des embryons conçus in vitro avant leur transfert dans l’utérus, afin de prévenir la naissance d’enfants atteints de maladies génétiques. Ces dernières années, la génétique a connu de rapides évolutions, notamment avec l’apparition des techniques de séquençage de nouvelle génération (NGS). Ces techniques, capables de séquencer des génomes entiers plus rapidement et à moindre coût, ont été largement adoptées par les laboratoires de DPI dans de nombreux pays. Cependant, en France, les laboratoires de DPI continuent majoritairement à utiliser des technologies plus anciennes.
Cette situation s’explique en partie par les contraintes législatives françaises, qui limitent le DPI à l’analyse d’une seule mutation génétique héréditaire et ciblée. Pour reprendre les propos d’un généticien, « c’est comme conduire une Ferrari sur une route départementale toute pourrie ». Utiliser une technologie avancée devient inutile si elle ne peut pas être exploitée pleinement. Les techniques plus anciennes utilisées sont robustes et éprouvées, et permettent d’obtenir un résultat pour lequel un NGS serait trop puissant. En outre, elles répondent mieux aux exigences légales. Ainsi, même si ces appareils n’ont pas été conçus pour restreindre l’analyse génétique, leur utilisation reflète la volonté du législateur de maintenir le DPI dans un cadre strictement ciblé. En ce sens, les machines et les techniques n'incarnent pas seulement des restrictions légales en raison de leurs limites techniques, mais participent également à leur respect.
PROGRAMME
8 avril 2025 : « “C’est comme conduire une Ferrari sur une route départementale”, ou comment la technique devient un garde-fou, le cas du DPI en France » - Anne-Sophie Giraud